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Vous vous rendez compte, les gens,
C'est un scandale
C’est de la pornographie
Des menaces de morts quand même
Mais mare de cette population arriérée, plein de haine
Envers nos valeurs, nos œuvre d’art, nos religions ou notre athéisme
C'est notre histoire notre culture alors respect
Je plein les prof en ces années de folie
Il y a encore un énorme problème de confusion chez certains entre la nudité et sa représentation, entre la chose et le mot. Avec la réémergence du fondamentalisme, qu'il soit islamiste ou néo-évangélique, va-t-on revoir les iconoclastes, qui briseront les statues et brûleront les tableaux ? Le fondamentalisme est une pornographie pire que toutes les autres, fascinée et collée sans distance à ses objets fétiches.
« Tout ce qui dégrade la culture raccourcit
les chemins qui mènent à la servitude ».
Albert Camus
Non elle n'a pas, comme l'ont raconté certains parents des cités de plus en plus ingérable, et répété des journaux, "montré des femmes nues" à ses élèves de sixième.
Évidemment pas.
Elle a présenté à ses élèves un TABLEAU du Louvre, une toile ayant appartenu à Louis XIV : la déesse Diane se baigne dans la grotte au fond du vallon de Gargaphie entourée de ses suivantes et, soudain, arrive Actéon "errant d’un pas incertain dans ce bocage qui lui est inconnu, arrive dans l’enceinte sacrée, entraîné par le destin qui le conduit". Et à ses élèves alors elle a montré comment les nymphes "s’empressent autour de la déesse pour la dérober à des yeux indiscrets. Mais, plus grande que ses compagnes, la déesse s’élevait de toute la tête au-dessus d’elles...Quoique ses compagnes se soient en cercle autour d’elles rangées, elle détourne son auguste visage." Et en leur lisant les Métamorphoses d'Ovide, en traitant strictement son programme de sixième ("les monstres aux limites de l'humain" notamment à partie des Métamorphoses d'Ovide) elle leur montrait à ces élèves combien avait été important ce texte du 1er siècle puisque, 16 siècles après, un peintre avait représenté la scène. Ce faisant elle appliquait d’autant plus les instructions de sa hiérarchie qu'elle faisait aussi de l'histoire des arts.
Il semblerait que le drame de Samuel Paty n'ait pas découragé certains bouteurs de feu de se mêler du contenu des enseignements, d'interférer dans les choix pédagogiques des professeurs. Il est plus que temps de rappeler très fermement que ce n'est ni aux parents ni aux prédicateurs de critiquer ce qui relève de programmes nationaux et des choix pédagogiques propres à chacun.
Le tableau mis en cause faisant depuis hier le tour de la Toile, je lui ai préféré, sur le même thème et avec autant de nudités le sublime Titien qui, jolie anecdote, circule tous les cinq ans entre deux musées britanniques qui unirent leurs fonds pour le garder en Grande-Bretagne.
Titien. Diane et Actéon. Huile sur toile. 1559. C. 185 × 202 cm.
National Gallery et Galerie nationale d'Écosse en alternance tous les cinq ans.
La toile est tellement riche qu'on se contentera de signaler le regard de Diane surprise à l’instant même où sa suivante lui lave les pieds et qui tente de cacher non pas sa nudité, c'est trop tard, mais son visage, aidée par son esclave noire. Le rideau que franchit Actéon signe aussi son arrêt de mort, il est rouge comme le sang que répandront bientôt ses propres chiens en le dévorant. Son destin est écrit : sur la colonne au-dessus de Diane, une tête de cerf, derrière elle des dépouilles, le profanateur se transformera en cervidé et mourra déchiqueté.
Le spectateur attentif ne manquera pas le dialogue muet entre les deux chiens qui encadrent la scène, celui, massif du jeune imprudent, celui tout gracieux de l'impitoyable déesse.
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